La différence entre notre Bang Chang et… notre Bang Chang
Si vous avez lu attentivement la contre-étiquette de notre recréation de la Bang Chang, brassée chez nos amis d’Oshlag, vous avez remarqué que nous y avons mis des conseils pour son service. Ça peut paraître anodin, mais ces suggestions peuvent vraiment vous faire comprendre que l’amour des bulles et de la fraîcheur dans l’univers de la bière est un phénomène surtout occidental. Et que la température de service, avec ces mêmes bulles, transforment complètement une bière de céréales.
Donc, sur la contre-étiquette, on peut lire :
« POUR SE SERVIR UNE BANG CHANG À LA FAÇON TRADITIONNELLE
Bien que nous ayons gazéifié cette bière de blé délicatement, il faut savoir que les fermes bouddhistes du Bhoutan ne gazéifient pas leur Bang Chang. Ils la boivent plutôt comme une tisane de céréales. Pour vivre la même expérience de dégustation, versez cette Bang Chang dans de petits verres et laissez-la dégazer. Sans gaz et servie température pièce, vous goûterez à ce que boivent vraiment les familles du Bhoutan. »
Qu’est-ce qu’on remarque? Premièrement, la version versée directement de la bouteille sortie du réfrigérateur, et donc gazéifiée à l’occidentale, paraît plus douce à tous les niveaux. Son acidité est délicate, ses notes citronnées atténuées par un subtil fond terreux et une touche de minéralité. Ça donne une bière de blé de soif, cousine d’une Berliner Weisse, mais imbue d’une personnalité qui lui est propre. Cette version ne ressemble pas tant que ça à ce que boivent les fermiers Bhoutanais même si on retrouve plusieurs indices gustatifs qui rappellent la vraie Bang Chang.
La version dégazée et tempérée, elle ? Un tout autre monde. Premièrement, afin de s’approcher le plus possible de l’expérience de dégustation himalayenne, nous avons sorti notre bouteille du frigo une bonne heure avant le service. De plus, nous l’avons versée de haut dans un grand réceptacle afin de faire sortir le plus de bulles d’un coup. Ensuite, nous avons remué le contenu avec une cuillère jusqu’à ce qu’aucune bulle n’apparaisse en surface. Environ 60 minutes plus tard, la température s’approchait de celle de la pièce. Alors nous avons transvidé une partie de la bière dans une petite tasse à thé avec la même grosse cuillère ayant servi à remuer.
Le résultat ? Le profil est bien plus terreux et, surprise, l’acidité est plus relevée. On sent et on goûte bien plus l’apport de la galette de ferments conçue par Madame Namgay, cette fermière du sud-est du Bhoutan qui m’a confié le fruit de son travail du jour lors de mon passage. Ça goûte vraiment plus la Bang Chang que j’ai découverte l’été dernier.
Que vous préfériez une version à l’autre importe peu. Personnellement, j’aime bien la version fraîche et effervescente lorsque j’ai soif de bière. Je m’en verse une pinte et ça se boit comme une Wheat Ale sèche ou une Berliner Weisse à peine terreuse.
Mais lorsque je me verse le tout comme une tisane, non seulement je revis mes recherches au Bhoutan, mais je me rappelle que l’univers de la bière est vaste et multidimensionnel. Oui, il existe plusieurs cultures où la bière locale, peu importe comment on l’appelle, est d’une texture totalement différente de ce que nous sommes habitués de déguster. Et ça, c’est vraiment rafraîchissant de savoir ça.
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