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Éthiopie

Les richesses de l'Éthiopie - Présentation

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Sur les fermes, comme dans cette campagne près de Lalibela, on peut se faire servir du café comme on le faisait il y a plusieurs centaines d'années

L’Éthiopie est le seul pays africain à ne jamais avoir été colonisé avec succès. Le seul. Ce qui fait que ses nombreuses cultures, amhara, tigrinya et oromo, pour ne nommer que celles-là, sont restées presque parfaitement intactes sur plus d’un millénaire. Mieux que ça, le tourisme est encore très faible au pays. Que voulez-vous, la majorité des Occidentaux croient que la famine d’il y a trente ans est encore d’actualité. Ce qui fait que les Éthiopiens ont tout l’espace pour être qui ils veulent être. C’est-à-dire eux-mêmes. Ce type d’isolement culturel et physique – le pays est bordé de régions désertiques hostiles – est l’endroit parfait pour y découvrir des traditions et des recettes uniques au monde.

> J'arrive dans la capitale après un long vol. Je veux prendre une douche pour me rafraîchir avant la sieste. J'ouvre le robinet de la douche, content d’être finalement là, au début d’un autre grand périple de découverte. Je me fais cracher de la poussière bouetteuse sur les pieds au lieu de l’eau chaude tant souhaitée. Je décide de prendre ma douche demain, finalement.

On va en Éthiopie pour y découvrir les origines du café. Non seulement parce que la plante arabica vient de là, mais parce que la cérémonie de fabrication et de service du café chez une famille éthiopienne type n’a pas tant changé depuis que le breuvage a été développé. Et ça peut être aussi bon et fin lorsque les grains verts sont rôtis dans une poêle sur feu de bois dans une hutte au sol terreux en campagne que chez un microtorréfacteur à Addis Ababa.

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On va en Éthiopie pour se délecter d’une gastronomie traditionnelle hyper parfumée. Le berbéré, ce mélange d’épices complexe comportant de généreuses portions de cardamome et de nigelle (et d’une dizaine d’autres saveurs), fait partie de la composition de plusieurs mijotés de viande et plusieurs purées de légumes servis sur une injera. Cette crêpe fermentée faisant office d’ustensile et de pain quotidien est faite de teff, une céréale endémique à l’Éthiopie ressemblant à un type de millet. Sa texture souple et spongieuse permet de la manipuler à notre guise afin de ramasser la bouchée que l’on désire dans l’assiette et sa saveur étonnamment acidulée rajoute au profil de chaque plat. Aucun repas en Éthiopie ne peut être ennuyant.

> Se dire « merci » entre Éthiopiens est apparemment presque inutile. Tout le monde s’attend à se faire aider en cas de besoin. Tout le monde est prêt à aider lorsque nécessaire. De toute beauté.

On va en Éthiopie pour tomber sous le charme du Tej. Cet hydromel sauvage conçu à partir de miel cru éthiopien a tout pour dérouter le palais et séduire l’amateur de saveurs franches. C’est richement parfumé, puis ça devient relativement sec, acidulé comme un vin blanc de la Loire, puis funky comme une Sour Ale barriquée nord-américaine. On s’en reparle en détail lors d'articles subséquents.

> Je m’installe sur une petite table dehors pour manger. Je souris lorsqu’un calao vient se poser tout près pour croquer bruyamment les giga-sauterelles qu’il attrape pour sa propre collation matinale. J'essaie de faire autant de bruit que lui en mangeant mon bout de pain enduit de miel. Sans succès.

On va en Éthiopie pour s’imprégner de sa culture brassicole qui semble être aussi vieille que celle du café. Selon les régions, on brasse à partir de millet, d’orge, parfois rôtie, et même de blé. Et on aromatise avec du gesho – tout comme l’hydromel d’ailleurs –, une plante cousine de l’argousier poussant, encore une fois, uniquement dans cette région de la corne de l’Afrique. Boire une bière traditionnelle en Éthiopie n’est pas une grande expérience de dégustation. C’est une remise en question totale de ce que peut représenter la bière dans la vie d’une personne.

> J'oublie de me remettre le foulard sur le nez et la bouche pendant quelques heures. Je me fais envelopper les parois nasales de la poussière soulevée par des milliers de pèlerins drapés de linceuls blancs venant en ville pour fêter Gena. Je saigne du nez modérément, mais régulièrement, les jours suivants.

On va en Éthiopie pour rencontrer des gens. Des gens qui se disent fièrement Éthiopiens et non Africains. Des gens toujours respectueux, calmes et aidants. Malgré les foules parfois suffocantes, tout coule calmement et avec un sourire jamais exagéré. Ça nous rappelle à quel point nous, Occidentaux, sommes individualistes, stressés et peu accueillants. Ça fait du bien.

Finalement, on va en Éthiopie pour s’évader dans ses paysages dignes de grands documentaires ou de films Imax. La moitié nord de l’Éthiopie, par exemple, est aussi impressionnante visuellement que les environs du Grand Canyon d’Arizona. Mais d’une superficie de plus de 200 000 km² au lieu de 20 000.

> Des églises monolithiques millénaires, sculptées dans le sol, à flanc de montagne ou dans des cavernes souterraines, on s’y habitue presque. Y’en a tellement. Les paysages du nord de l’Éthiopie sont si grandioses qu’on commence à croire que tout est possible.

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Un verre de Tej servi dans une tejbet à Aksum

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